1 enfant sur 5 est victime d’inceste,
1 français sur 10 est victime d’inceste.
Jusque dans les années 90, les violences sexuelles intra familiales dans notre société reste une Omerta, un grand déni règne avant qu’une 1 ère prise de conscience émerge grâce à deux pionnières :
Eva Thomas, première femme à parler d’inceste à visage découvert à la télévision française en 1986 et Denise Bombier journaliste Québécoise était la seule à dénoncer les actes pédophiles de l’écrivain à succès Gabriel Matzneff.
Le tapage médiatique dans le milieu de l’édition marque le début d’année 2020 à la sortie du livre de Vanessa Springora « le consentement »(éd Grasset Janvier 2020). Son récit, mérite d’être lu car son écriture est d’une grande pudeur, d’une grande finesse, il n’est pas simple de se lancer en tant que victime dans la description d’une emprise amoureuse avec son prédateur sexuel qui est l’écrivain Matzneff. Tout en contextualisant, avec le mouvement des années 68 où la formule emblématique est « il est interdit d’interdire » Vanessa, détaille sans voyeurisme les mécanismes pervers qui l’ont pris au piège en tant qu’adolescente jusqu’à la transformer en marionnette sexuelle et des impacts sur elle des années après.
Le sujet de l’inceste revient sur le devant de la scène médiatique en ce début d’année, 2021 avec la sortie de son livre « familia Grande » de Camille kouchner, fille de Bernard kouchner et d’Evelyne Pisier.. La parole se libère, cette affaire a lancé une vague de douloureux témoignages qui s’est très vite répandue sur les réseaux sociaux. Sur Twitter sous le hashtag #MeTooInceste, en 2 jours plus 80 000 messages, des victimes racontent les viols,  les agressions sexuelles subies pendant l’enfance à l’intérieur du cercle familial.
 Le vent tourne, Il était urgent, car la tolérance et la propagande à la pédo-criminalité n’est plus acceptable.
L’AFOR ne peut pas rester muette face à cette actualité et ce sujet si délicat qui touche malheureusement beaucoup d’histoires d’adoptés.
Nous ne pouvons rester muets car dans cette affaire d’Olivier Duhamel qui a adopté avec sa femme Evelyne Pisier deux enfants du Chili, Très discrets, Aurore et Simon les enfants du politologue ne souhaitent pas s’afficher sur les réseaux ou être sur le devant de la scène. Nous nous demandons cependant ce qu’ils sont devenus, et s’ils ont connu le même traitement que Victor ?
C’est seulement à partir du 24 janvier que les médias nous informent qu’Aurore et Simon vont être auditionnés prochainement par la brigade des mineurs.
Afin d’avoir un regard plus juste, les lectures de « Familia Grande » de leur sœur Camille Kouchner et « une question d’âge de leur mère Evelyne Pisier» pour mieux comprendre un ce qu’ils ont pu vivre.
« Familia Grande » (Ed, Seuil Janvier 2021)
Camille accuse dans son livre son beau-père, Olivier Duhamel homme puissant et politologue Français, de viol sur son frère jumeau qu’elle nommera « Victor, et ce, à plusieurs reprises pendant 2 ans. Une bombe a été posée par le beau-père lorsque les jumeaux Camille et Victor avaient quatorze ans et elle n’en finit pas d’exploser pendant toute leur vie.
Nous rentrons rapidement dès le jeune âge de Camille dans l’ambiance d’une grande famille qui aime débattre, rire danser, accueillir de nombreux amis et connaissances dans leur maison varoise de Sanary-sur-Mer. Il y régnait un sentiment de liberté, aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Dans les colonnes de l’Express selon les confidences d’un ancien invité (enfant) « C’était une ambiance kibboutz, on était en roue libre, personne ne nous couchait, on s’endormait sur les transats le soir », s’est-il remémoré.
Ce livre marque la fin de mai 68, et au fur et à mesure de la lecture on peut ressentir un malaise car ce livre est d’une grande violence, et on se rend bien compte que deux mondes, deux paradigmes nous séparent, c’est-à -dire le paradigme d’une vie de famille normale, et le paradigme de cette famille appartenant au monde d’élites, d’humaniste, de défenseurs de libertés, de suffisance, d’arrogance où tout, absolument tout était possible où n’importait que le plaisir et essentiellement tous les plaisirs liés à la sexualité.
La relation entre ses parents Evelyne Pisier et Bernard Kouchner est très libre. Après 14 ans de vie commune, leur divorce est brutal, haineux et interdit (comment est-ce possible pour des personnes si libres) à leurs 3 enfants de se plaindre. Quelle violence et quels paradoxes !!!
Pour beaucoup de français, Evelyne Pisier était comme Idole, elle est devenue l’une des premières femmes agrégées de droit public et de science politique en 1972. Elle était le symbole d’une femme libre, allant jusqu’au bout de ses convictions, ce qui l’avait amenée à côtoyer des célébrités planétaires comme Fidel Castro. Les suicides successifs de ses parents à 2 ans d’intervalle l’a fait sombré dans l’alcoolisme. Camille dresse au fur et à mesure le portrait d’une mère incapable de protéger ses propres enfants et aux comportements déplorable les exposant même au pire sous prétexte de l’absence de contrainte. Evelyne incite Camille à avoir des relations sexuelles dès ses 11 ans.
On y découvre que Bernard Kouchner est un père très absent avec ses hautes fonctions et surtout qu’il est très colérique, violent et terrorise ses enfants.
Bernard Kouchner est en couple avec Christine Ockrent journaliste qui n’aurait pas été plus aimante, et a pris l’habitude de lâcher quand Camille et son frère séjournaient chez eux « tes enfants font trop de bruit, dis leurs de rire moins fort ».  Lors de sa garde alternée Bernard Kouchner avait la triste habitude de donner à ses propres enfants des somnifères pour qu’ils se couchent tôt.
Monsieur Kouchner attire notre attention pour plusieurs événements :
– En janvier 1977, avec 69 autres personnalités dont Jack Lang, cosignent une lettre écrite par Gabriel Matzneff dans Le Monde où ils présentent comme « scandaleux » la durée de plus de trois ans de détention provisoire de trois hommes accusés de relations sexuelles avec des adolescents de 13 ou 14 ans  Interrogé en 2020 sur la signature de cette pétition, Bernard Kouchner reconnaît que « c’était une énorme erreur (…) il y avait derrière une odeur de pédophilie[1]
–  En 1989, il est le 1 er à se rendre à Bucarest lors de la Chute du régime de Ceausescu.
– Janvier 1990, Bernard Kouchner secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé de l’action humanitaire a débloqué 74 enfants qui étaient en attentes d’adoption depuis 2 ans. L’adoption internationale en Roumanie prend une ampleur considérable. [2]
– En 2002, les médias parlent d’une affaire de Pédophilie en Roumanie notamment l’affaire Michel Sounalet alors travailleur humanitaire à la casa de copii à Poprican. En 1996, cinq mineurs ont porté plainte contre lui. Il a été arrêté en octobre 2003 pour « perversions sexuelles et corruption de mineurs ». La même année, en décembre, l’ex ministre français de la santé Bernard Kouchner s’est rendu avec Jean-Louis Machuron (fondateur de l’association Pharmaciens Sans Frontière) afin de témoigner en sa faveur en précisant qu’ils étaient persuadés de son innocence. Les cinq mineurs ont retiré leurs plaintes. (Sources : Le Nouvel Observateur, 11 décembre 2002).[3]
Depuis le début de l’année, Olivier Duhamel est sur le devant de la scène suite aux accusations de Camille Kouchner d’avoir abusé de l’un de ses beaux-fils il y a plus de trente ans d’inceste.  Il fait aujourd’hui l’objet d’une enquête pour « viols et agressions sexuelles ».   Monsieur Duhamel cachant la folie de l’ogre, figure intellectuelle française et spécialiste de droit constitutionnel aura exercé le pouvoir sous toutes ses formes : des plus prestigieuses, jusqu’au très élitiste club du Siècle, aux plus sombres, dans l’intimité familiale.  Il aura fallu un livre courageux, « La familia grande », pour que cesse la toute-puissance d’Olivier Duhamel.
Dans cette ambiance si décalée et si malsaine, les enfants ont été élevés par des adultes tombés dans le chaudron de la permissivité allant jusqu’à l’odieux comportement que l’on sait.  Certains passages sont glaçants comme la réaction d’un médecin psychaitre : Camille précise dans son livre qu’un de ses frères a essayé d’alerter par téléphone le psychiatre des enfants adoptés du couple Duhamel-Piser pour le prévenir que son beau-père est incestueux. Ce psychiatre lui a répond que celui-ci ne doit pas l’appeler car il n’est pas son patient.
La culpabilité et le silence de Camille sont palpables face aux mécanismes pervers, psychologiques de la domination propre à l’inceste. Nous assistons à une tragédie familiale où règnent un « silence organisationnel »,   et une violence si destructrice depuis de si longues années malgré des valeurs, un environnement socio-économique et culturel affichés.
Combien de victimes sont touchées dans cette histoire familiale ?
Une question d’âge d’Evelyne Pisier (Collection Le Livre de Poche 2005)
Livre publié en 2005 fortement médiatisé, est un coup de massue, avec le point de vue d’Evelyne Pisier, mère deux enfants adoptés et nés au chili qui sidère par sa franchise sans filtre
Evelyne Pisier, raconte son expérience chamboulante et harassante avec ton très sec de la face noire de l’adoption. La digestion de cette lecture est difficile car son récit est rempli de violence, de victimisation, allant jusqu’à l’écÅ“urement, surtout qu’elle met en évidence que les faits relatés ne relèvent pas de son imagination. A sa sortie il y a 15 ans, la question de l’inceste, qui court à bas bruit durant tout le livre et occupe centralement les deux derniers chapitres, ne soit mentionnée. Cette sensation de frémissement est plus grande aujourd’hui après que le scandale a éclaté des viols présumés d‘Olivier Duhamel sur un de ses beaux-fils de 13 ans en 1988-1989. Nous prenons conscience des violences physiques et psychiques qu’ont pu subir ces deux enfants adoptés au Chili en 1987 et 1989 dès leurs arrivées dans cette « famila grande ».
Les noms sont changés, les deux enfants adoptés sont fondus en un seul – une fille à qui le texte est adressé à la seconde personne du singulier. Mais le lecteur ne s’y trompe pas : «Thierry», son mari, est présenté comme un universitaire exceptionnel, homme de réseau et de pouvoir, à l’instar Evelyne Pisier a introduit des éléments autobiographiques dans un récit fictif. Elle a changé tous les prénoms et a fusionné ses 5 enfants en deux filles à qui elle a adressé son texte.
Les coulisses administratifs de l’adoption sont pour le futurs parents un calvaire face à la lourdeur, la lenteur des procédures allant jusqu’à l’intrusion familiale avec les enquêtes sociales, et l’attente interminable. Est-ce nécessaire ce protocole administratif ? Sachant que certaines futures familles sont plus avantagées via leurs relations que d’autres. Quels accompagnements sont proposés pour ces parents pressés d’avoir un enfant et que biologiquement parlant ils ne peuvent donner la vie.  Un travail de deuil d’être parent biologique est inexistant dans nos sociétés.
Evelyne rend compte de tous les moyens, les mensonges, les détournements mis en œuvre par les futurs parents pour obtenir rapidement cet agrément et leur futur enfant idéalisé. Cela semble si égoïste et allant à l’encontre de l’intérêt de l’enfant. Plusieurs situations sont exposées dans ce livre :
-Jeanne, mère célibataire veut absolument un enfant, passe par la PMA, au bout de 3 ans n’en pouvant plus, elle a décidé d’adopter. Elle a l’agrément, des amis lui ont trouvé un bébé au bout du monde en Inde. Elle avoue avoir menti et avoir poursuivi en secret la PMA. Elle tombe enceinte. Elle ne veut plus de ce bébé du bout du monde et demande au couple Evelyne et Thierry de l’adopter. Adoption qui ne se fera car ce bébé décèdera.
– Thierry,(Olivier Duhamel) n’hésite pas à passer par les pistons politiques comme Monsieur Chirac ministre à l’époque pour accélérer l’obtention de l’agrément d’adoption[3] . Après l’obtention de l’agrément, ils décident d’adopter au Chili car Thierry a une connaissance Carmen Castillo, une réfugiée chilienne étant sur place qui visitera plusieurs institutions et choisira leur future enfant.
-Evelyne n’avertira pas les administrations des traumatismes endurés, tels les suicides successifs de ses parents (1986-1988) au moment de la constitution du dossier d’agrément.  Ces traumatismes l’ont fait sombrer dans l’alcoolisme sévère et qui a de sacré répercussion sur l’éducation et la sécurité de ses enfants.
Les services sociaux savent aussi que des futurs parents mentent sur leurs situations de familles, de couples, pour avoir un enfant à tout prix. Cela questionne énormément sur ces détournements possibles face à ces protocoles administratifs. Est-ce nécessaire de donner tous ces agréments sachant qu’il y a de moins en moins d’enfants à adopter ? Que d’espoirs et de souffrances surtout quand les adoptions n’ont pas lieu car les délais ne sont plus valides.
Un accompagnement plus adapté, à cette parentalité si spécifique doit se mettre en place dans l’intérêt de l’enfant et de sa famille et que celui-ci soit flexible en fonction des besoins de l’enfant.
Enfin, Evelyne raconte de façon assez cruel la période de l’adolescence de sa fille qui passe en mode ange venue d’ailleurs, et se transforme en démon, instable, toxique à l’adolescence allant jusqu’à accuser son père, Thierry, d’inceste. Nous découvrons que le père est toujours absent, et que la mère sombre dans l’alcoolisme sévère. L’adolescente cherche une sécurité, du lien d’attachement qui n’existe pas dans cette famille par tous les moyens pour dire qu’elle existe. Tous ses moyens sont bons pour attirer l’attention de sa mère car elle l’aime, en ayant des comportements extrêmes identiques à ceux de ses parents (addictions alcool drogue).
Evelyne parle d’une adoption ratée et l’âge est un prétexte à 2 balles. C’est une adoption catastrophe pour Aurore et Simon où l’extrême règne dans cette famille de grands malades : mensonges, suicides des grands parents, comparaison entre les deux sœurs, les addictions, l’abandon, l’absence de lien d’attachement, de sécurité qui sont prioritaires pour les adoptés.
Le système de l’adoption a sa part de responsabilité dans cet échec aussi.
On ne peut que ressentir une infinie compassion pour tous les enfants de cette famille de malades
L’A.F.O.R
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Kouchner#Abaissement_de_la_majorit%C3%A9_sexuelle_(1977)
[2] https://www.againstchildtrafficking.org/de/1990/04/adoption-denfants-roumains/
[3] https://www.nouvelobs.com/societe/20021209.OBS3828/le-proces-pour-pedophilie-d-un-francais-periclite.html
[4] https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/olivier-duhamel-comment-jacques-chirac-la-aide-a-adopter-avec-sa-femme-evelyne-pisier-2106560