Je m’appelle Liliana Popa, je suis d’origine roumaine, je suis née le 17 Novembre 1992 dans un petit village nommé Vaslui, 2 ans après la mort de Nicolae Ceausescu, .
Ne pouvant pas me garder, ma mère dĂ©cida de me placer dans un orphelinat. J’y ai vĂ©cu ainsi 4 ans, dans 2 orphelinats : de 0 Ă 2 ans, puis de 2 ans Ă 4 ans. Le 14 Septembre 1997, je suis enfin adoptĂ©e par une famille française qui vit dans une petite ville proche de Paris. Au bout de plusieurs annĂ©es, je n’attachais pas trop d’importance Ă mon prĂ©nom français que m’ont attribuĂ© mes parents d’adoption.
Puis au fil du temps, j’ai fini par me sentir très mal dans sa peau. Ă€ l’Ă©poque de mon adolescence, je n’arrivais pas encore Ă mettre des mots dessus. Ă€ la place, j’exprimai ma colère par la nourriture et les scarifications.
Je voulais me voiler la face et faire semblant que tout allait bien. En fin de compte, les rĂ©ponses ont toujours Ă©tĂ© enfouies en moi mais je ne voulais pas me l’avouer, par peur de n’ĂŞtre pas crĂ©dible aux yeux des gens. Au moment du collège et du lycĂ©e, je me suis toujours sentie comme diffĂ©rente quand je frĂ©quentai les personnes de mon âge. Les autres n’arrivaient pas Ă voir au-delĂ de mon physique et de mes paroles que je souffrais Ă©normĂ©ment. Le manque d’instinct maternel et l’abandon de ma mère biologique me rongeaient intĂ©rieurement. Je ne pourrai jamais refermer cette plaie qui s’est ouverte au fil des annĂ©es. J’ai remarquĂ© sur le tard que le seul remède qui pouvait guĂ©rir mon mal-ĂŞtre, c’est la chaleur humaine des personnes bienveillantes envers moi. Bien Ă©videmment, « avant d’aimer mon prochain, il faut d’abord s’aimer soi-mĂŞme ».
Ce qui me semble encore difficile aujourd’hui, c’est de penser Ă moi et de prendre soin de mon corps.
J’ai eu l’habitude d’ĂŞtre torturĂ©e Ă l’orphelinat en Roumanie. MĂŞme si je n’ai aucun souvenir de lĂ -bas, je sais juste que c’était douloureux et que j’ai toujours des sĂ©quelles dans mon corps. Par la suite, je ne faisais plus attention Ă ma santĂ©. Je dĂ©truisais mon estomac par la prise de mĂ©dicaments pĂ©rimĂ©s qui dataient depuis plus de 20 ans, j’ai commencĂ© Ă sombrer dans un cercle vicieux « la boulimie ». La nourriture peu saine que je mangeais Ă la cantine, ne faisait qu’alimenter ma dĂ©pression. J’ai compris vite que les kilos s’installaient progressivement en moi. Je faisais Ă l’époque 86 kilos. Alors, j’ai dĂ©cidĂ© de me prendre vite en main. J’ai commencĂ© tout d’abord par jeter tous les mĂ©dicaments d’antidĂ©presseurs et d’anxiolytiques Ă la poubelle. J’avais l’impression de lâcher une partie de mes fardeaux. J’ai arrĂŞtĂ© de les prendre, du jour au lendemain. J’étais dĂ©terminĂ©e Ă franchir le premier pas, vers la libertĂ©. Malheureusement, pendant un an, j’étais encore plus mal. Je vivais la perte de ma grand-mère que je chĂ©rissais tant. MĂŞme si ma grand-mère n’était plus lĂ physiquement, elle m’accompagne partout oĂą je vais et me donne cette force que j’ai toujours eu. Ensuite, arrivĂ©e vers mes 21 ans, je suis repartie Ă nouveau dans une spirale infernale: « l’anorexie ».
Pendant 2 ans, j’ai frĂ´lĂ© plusieurs fois la mort. Je ne pesais plus que 32 kilos. Je passai alors d’une clinique pendant plusieurs semaines, Ă un hĂ´pital psychiatrique qui a durĂ© 10 jours. J’enchaĂ®nai les rĂ©gimes, les malaises et la musculation Ă outrance. Je ne me nourrissais presque plus. Mes vrais repas, n’étaient seulement que 2 fois par semaine. Heureusement grâce aux soutiens de mes proches, de mes amis et de ma famille, je n’abandonnais pas. Je suis une femme qui a toujours aimĂ© croquer la vie Ă pleine dent, mĂŞme si parfois c’est difficile. Je veux Ă prĂ©sent vivre, plutĂ´t que de survivre. Maintenant, je veux rĂ©aliser tous mes rĂŞves inimaginables, me connecter de plus en plus dans le moment prĂ©sent, relier mon corps et mon esprit en paix, je n’ai plus peur du regard des gens et de leurs jugements Ă mon Ă©gard. Je n’ai plus envie Ă©galement que mon mental contrĂ´le toute ma vie et que je puisse enfin lâcher-prise. Tout ce que je souhaite, c’est de me sentir pleinement Ă©panouie dans ce que j’aime. Qu’importe les critiques que je recevrai des autres. J’avance droit devant, sans me prĂ©occuper du sort de mon avenir. Je fais confiance dĂ©sormais Ă mon enfant intĂ©rieur, Ă la vie et Ă l’univers.
Musicienne et chanteuse, Lilliana, a commencé à chanter depuis l’âge de ses 10 ans dans une école de musique et de danse. Elle a enchaîné peu de temps après : la flûte traversière pendant 3 ans, puis au saxophone, la guitare, le piano. Elle écrit depuis le collège des poèmes qui reflétaient ce qu’elle vivait au quotidien. « “J’étais quelqu’un de très timide et sans amis. Donc, j’ai décidé d’écrire tout ce que je ressentais sur papier et de faire de mes faiblesses une force. A partir du lycée j’ai pu composer mes propres chansons à la guitare puis plus tard au piano. Cela m’a permis par la suite de publier mon 1°ouvrage: « Un nouveau souffle, pour une nouvelle vie » (parut début février 2015), ainsi que mon 2° livre: « Ma reconstruction » (un recueil de poèmes et de chansons- parut début août). Grâce à la collaboration d’une maison d’édition: l’Edition Jets d’Encre. »
 (Liliana est auteure de son 1er livre « un nouveau souffle pour la vie » paru en février 2015)