Chère Josiane, Cher O.A.A (Organisme AutorisĂ© pour l’Adoption) ……. !!!

Salut Josiane,

 

 Tu m’excuseras pour la familiarité, mais après un certain nombre de « bonjour Madame », il est temps d’alléger un peu nos échanges.

  Il y a maintenant plus d’un an, j’ai tapé le nom de ton organisation dans la barre de recherche de Google. J’arrive sur le site, je vois, dans un encadré orange, la mention « recherche des origines » qui décrit la procédure de consultation du dossier. J’écris un e-mail pour prendre rendez-vous. Au mois d’avril, je pousse la porte de vos locaux. Je suis accueillie par des regards surpris, et quand je précise que je suis venue consulter mon dossier, on t’appelle, Josiane, car tu n’es pas là. Tu me diras le soir même, dans un e-mail, que tu es désolée d’avoir « oublié » mon rendez-vous, d’autant que je suis venue de loin. Ça me rassure que tu sois désolée, Josiane, vraiment. Plus tard, au téléphone, tu me diras que tu « n’étais pas là» (sans préciser pourquoi), puis tu parleras d’une « étourderie de ta part.» Ça me paraît un peu désinvolte, mais passons.

Ce sera finalement Caroline qui me recevra, avec mon compagnon. Elle est sympa, Caroline, elle est jeune, elle n’a jamais travaillé avec mon pays de naissance, mais soit. Caroline, elle ne m’a pas expliqué comment ça se passait, une adoption, pour les adoptants, et pour les enfants. Pour ta belle organisation. Elle ne m’a pas expliqué le rôle que jouait chacun dans tout ça. Elle m’a lu à voix haute les quelques documents présents dans mon dossier. Elle a photocopié ceux que je voulais. À l’époque, je ne me suis pas méfiée et je n’ai pas tout demandé. Je le regretterai par la suite. Caroline, elle est incapable de m’expliquer ce que ça veut dire, être « juridiquement abandonné ». Caroline, elle est incapable de me dire comment c’était, à l’orphelinat, combien de temps j’y suis restée, pourquoi j’y avais atterri. Alors, peut-être par compassion, peut-être par pitié, elle me lit quand même le compte rendu de votre enquête sociale auprès des gens qui vont m’adopter, alors qu’elle n’était pas censée le faire. Je la remercie, parce que c’est le seul document qui m’apprend quelque chose, dans tout ça. Mais Caroline ne manque pas, non plus, de complimenter mon père adoptif, « tolérant et ouvert d’esprit, la preuve, il faisait de la méditation, c’est écrit là. » Caroline me lit les rapports d’adaptation, qui ne m’apportent pas de nouvelles informations, puisque je me souviens de tout ça. Je peux parler aux gens qui ont partagé ces souvenirs avec moi, ils ont des photos à me montrer. Mais d’avant, on n’a rien. « Il faut demander à vos parents adoptifs, vous savez, à l’époque, on ne faisait pas les dossiers de manière aussi rigoureuse que maintenant, on ne photocopiait pas tout. » La vie de combien d’enfants repose sur des manières de faire « pas aussi rigoureuses que maintenant » ? Je sors de là en colère et frustrée. Avec ce refrain lancinant dans la tête : « Ces gens sont responsables du processus qui a changé le cours de ma vie, et ils ne savent rien. » Le goût est amer dans ma bouche.

Cette année, au mois de mai, je te réécris, Josiane, pour te demander le moyen de contacter l’intermédiaire qui faisait le voyage entre la Roumanie et la France avec les enfants, dont je me souviens très bien, puisqu’il est venu passer des vacances avec nous plusieurs années. Tu me donnes deux adresses e-mail, je tente un message de prise de contact sur les deux adresses, je reçois deux messages d’erreur. Dans le mail qui contient les adresses, tu me rediriges aussi vers une association d’adoptés de Roumanie, censée m’aider à trouver d’éventuels frères et sœurs. Mais, ta belle organisation n’aide pas à la « recherche des origines » ? Ce n’est pas un « thème central » pour les OAA ? Vous « investi[ssez] fortement sur une demande qui s’amplifie : la recherche des origines » et vous « dispose[z] en ce domaine d’une compétence reconnue », non ? Il y a même un article avec de beaux graphiques sur le sujet dans un de tes magazines. J’apprendrai plus tard par cette association vers laquelle tu me redirigeais (ce que tu feras encore plusieurs fois dans tes e-mails) que tu n’as aucune idée des démarches à entreprendre pour trouver ma famille de naissance dans mon pays d’origine, puisque tu as appelé cette association pour le lui demander. Ta belle organisation, Josiane, elle sert juste à donner accès à un dossier le minimum syndical- qui, parfois, ne contient rien ou presque rien. Et on l’a vu l’an dernier (enfin, pas toi, puisque tu n’étais pas là), « l’accompagnement psychologique » dont j’ai soi-disant bénéficié s’est résumé à une lecture à voix haute de documents que je peux très bien lire moi-même, de valorisation de mon père adoptif sans le connaître, et de « désolée, on n’en sait pas plus ». Je suis perplexe.

 Je te remercie quand même de m’avoir redirigée vers cette association, parce que son site fourmille d’informations précieuses. Je ne sais pas si tu es allée y jeter un œil, mais je t’assure que ça vaut le coup. Et puis, ça te permettrait d’avoir quelque chose à expliquer aux personnes nées dans le même pays que moi. Quoique ce qui y est dit n’est pas joli-joli. Tiens, je t’ai fait une sélection[1] : «Depuis les années 80, la demande d’enfants à adopter émanant des pays riches est 10 fois supérieure au nombre d’enfants donnés à l’adoption par les pays pauvres.»  « Entre 1990 et 2000 : plus de 30 000 enfants roumains, sont adoptés à l’étranger.”

« Les « casa de copii », (littéralement « maison d’enfants »), étaient des établissements où l’Etat prenait en charge la garderie, l’hébergement, la nourriture et les soins médicaux des enfants de mères ou de couples dans l’incapacité matérielle et/ou psychique de pourvoir à leurs besoins ; ceci, le temps qu’il leur était nécessaire pour pouvoir les reprendre. Seule une minorité de mères les donnaient d’emblée en rompant tout lien. » Tiens, tiens. Tu savais, toi, qu’une casa de copii (l’institution par laquelle je suis passée), ce n’est pas un orphelinat ? Je reprends. « Les « orphelins roumains » étaient loin d’être tous des orphelins ! C’était peut-être bien commode de le penser, mais 97% d’entre eux avaient une mère vivante et identifiée et certains également un père. Plus de 50% des mères venaient rendre visite à leur enfant soit régulièrement soit de façon plus espacée ou seulement à l’occasion des fêtes religieuses.”  En 1993, le gouvernement roumain vote une loi qui prévoit que tout enfant n’ayant pas reçu la visite des parents pendant 6 mois peut être déclaré « abandonné » par le tribunal et devenir de ce fait adoptable. Les mères n’ayant généralement aucun moyen de locomotion, l’astuce consistait à déplacer le bébé dans un orphelinat situé à plus de 50 kilomètres du lieu de naissance, et le tour était joué…” C’est justement la loi qui me concerne.

  Quand il y avait un abandon, ce qui n’était donc pas aussi systématique que tu voudrais me le faire croire, dans quelles conditions le consentement des parents était-il recueilli ? Quand on est dans une situation de grande pauvreté, quand on est fragile, isolé, quand on subit une pression sociale et/ou familiale parfois insurmontable(s), est-on réellement en mesure de faire un choix éclairé et consenti ? Quand tout le monde veut vous faire croire que le seul moyen d’assurer la survie de votre enfant, c’est de vous en séparer à jamais, quand on omet de vous dire que vous ne reverrez jamais votre enfant, quand on vous fait signer un document que vous ne pouvez pas lire, quand personne ne vous informe des lois en vigueur, quand personne, pas même les autorités de votre pays, ne vous offre le moindre soutien, même temporaire, est-on en mesure de faire un choix éclairé ? Quand on vient de mettre au monde un enfant et qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait, est-on vraiment en mesure de faire un choix éclairé ?

En 2007, Roelie Post décrivait les pratiques de Holt, un mastodonte américain de l’adoption internationale – avec lequel ta belle organisation travaille pour les adoptions en Corée, Josiane, ils ont une sorte de monopole sur le pays, mais ça, tu dois le savoir-, qui avait été mandatée par Unicef Roumanie pour travailler sur la prévention des abandons. Une agence d’adoption qui travaille sur la prévention des abandons ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité, non ? Ces gens charmants, donc, faisaient pression sur les jeunes mères pauvres pour les convaincre d’abandonner leur enfant dès la naissance de celui-ci. Puis ils attendaient les délais légaux, et hop, ils exportaient le bébé[2]. Si on utilisait en Occident les tactiques employées pour obtenir des « abandons » dans des pays moins favorisés, on crierait au scandale et on parlerait de violation des Droits de l’Homme (et la France y tient, à ses Droits de l’Homme). Quand on sait que l’écrasante majorité des enfants étaient proposés à l’adoption pour des raisons économiques, ça fait réfléchir, Josiane. Avec un peu d’aide, combien de parents auraient pu garder leur(s) enfant(s) ? Combien de familles n’auraient pas été brisées à vie ? Il a fallu attendre 2009 pour que la pauvreté ne soit plus un motif légitime pour décider de retirer un enfant à sa famille.[3] 2009, ça fait combien de décennies pendant lesquelles c’est justement ce motif, et uniquement ce motif, qui était retenu ? Tu sais que moi, c’est ce qu’on m’a dit ? « Tes parents étaient trop pauvres pour t’élever, c’est pour ça que tu as été adoptée. »

Je suis allée lire ton beau magazine, Josiane, tu sais, celui qui paraît une fois par an, qui est disponible sur le site. Et là, surprise, je vois un article de toi sur la recherche des origines. Chouette, je vais pouvoir lire ce que tu as à dire sur le sujet. J’apprends que tu as en fait une expérience très courte en la matière, et que tu as jusqu’ici essentiellement accompagné de futurs adoptants dans leurs démarches. Et là, je suis atterrée par un passage en particulier : « Que veulent-ils ? Que cherchent-ils ? Ils s’autorisent, ici, dans les bureaux de [ta belle organisation], lieu symbolique, à redevenir le temps d’un entretien, le petit garçon ou la petite fille qu’ils ont été et qui est resté(e) sur le bord du chemin. Tristesse, colère, surprise, donnent aux sourires ou aux larmes la « saveur » des émotions permises. » C’est donc ça que tu vois en face de toi, Josiane, des enfants ? Des personnes restées à l’âge auquel elles sont « passées » par ton organisation ? Tu penses que je me suis déplacée jusqu’à Paris pour m’« autoriser à redevenir la petite fille restée sur le bord du chemin » ?

  Je lis dans le numéro d’avril 2018, que « Beaucoup [de demandes d’entretien] restent “sans suite” comme si pour l’adopté le fait de savoir que leur dossier d’adoption est à leur disposition suffisait. » Pas de bol pour toi, Josiane, je ne vais pas en rester là. Moi, ça ne me suffit pas. Depuis plusieurs mois que je lis sur l’adoption, son histoire, ses pratiques et ses enjeux géopolitiques, depuis plusieurs mois que je fréquente les groupes Facebook et les pages Instagram d’adoptés, je commence à avoir une idée de l’infantilisation permanente à laquelle doit faire face toute personne adoptée qui remet en cause la mécanique bien huilée du système. On ne serait tous que des gamins en colère d’avoir été abandonnés. Et donc, on ne serait pas légitimes dans nos opinions et nos prises de position. C’est ce que pensent des gens comme toi, Josiane, qui défendent aussi clairement les intérêts des adoptants, ce que pense ta belle organisation qui offre une vie soi-disant meilleure à tant d’enfants, ce que pensent d’autres soi-disant experts du sujet, ce que pensent tant d’intervenants extérieurs, ce que pensent les tonton Alain que tu croises au mariage de ta meilleure pote,  qui n’ont pas idée du poids colossal que représente une adoption pour le principal concerné et le plus décrédibilisé : l’adopté. Je lis dans les témoignages la culpabilisation, les « tu ne vas quand même pas chercher ta famille, tu vas leur gâcher la vie », « à quoi bon remuer le passé », « tu as de la chance, tu as eu une bonne éducation/une belle vie/une famille aimante ». Sois reconnaissant et tais-toi. C’est cette petite phrase agaçante que tout le monde récite comme un mantra pour nous réduire au silence.

  Ce que je te reproche, Josiane, à toi et à tous les gens qui tiennent à ce que la façade du conte de fée reste bien en place, c’est de refuser de voir que les principaux concernés ne sont plus des enfants, et qu’ils ont des capacités intellectuelles d’adultes qui leur permettent de demander des comptes et de questionner les procédures, les façons de faire et le système dans son ensemble. Demandes et questionnements légitimes, puisque pour « devenir » les enfants de quelqu’un d’autre, dans le cas de l’adoption internationale, ils doivent perdre leur première famille (les parents, bien sûr, mais aussi les frères et sœurs, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines, les grands-parents etc), leur pays, leur langue, leur culture, leur religion, et surtout, perdre leur identité. Tu vois, Josiane, en tant que premiers concernés, puisqu’objet de la transaction à l’époque (et j’insiste bien sur la notion d’objet passif et non-consentant), nous sommes les mieux placés pour savoir ce que ça fait, de perdre tout ça. Je suis mieux placée que toi pour savoir ce que ça fait, d’être adoptée, alors tes vagues témoignages de compassion, le fait que tu « ai[es] bien conscience que toute cette recherche est longue et complexe », ils me font une belle jambe.

  Au mois de juin, j’apprends que ta belle organisation est mise en cause par des personnes nées dans un autre pays, très loin du mien. Et j’en apprends davantage sur les pratiques douteuses, sur la façon dont vous traitez les adoptés, les dossiers presque vides, les mensonges à peine maquillés, je découvre les manquements gravissimes que vous imputez à votre correspondante sur place à l’époque, ou aux familles biologiques dans un reportage diffusé quelques années plus tôt. C’est plus facile de frapper sur les pauvres. Vous ressortez la carte du « c’est pas nous, on sait rien. » Il faudrait peut-être penser à adopter cette déclaration laconique comme devise ? Comment une association qui s’obstine à ne rien savoir a pu recevoir la bénédiction des autorités françaises pendant plus de 40 ans pour faire venir en France des enfants des quatre coins du monde ?

  Cette sĂ©rie d’articles, relayĂ©e par la radio et d’autres organes de presse, elle me met la puce Ă  l’oreille. Alors je dĂ©cide de continuer Ă  creuser. Tu te souviens que je n’ai pas tout fait photocopier l’an dernier ? Erreur naĂŻve de ma part, mais je ne savais pas Ă  quel milieu et Ă  quelles personnes j’avais affaire Ă  l’époque. Je te recontacte pour te demander les pièces manquantes. Tu me demande d’attendre septembre -presque deux mois-, puisque tu ne peux pas aller aux archives avant. Ben tiens. On ne peut pas dire que tu te foules beaucoup, Josiane. Pas grave, j’ajoute une mention « me rappeler aux bons souvenirs de Josiane le 1er septembre » Ă  mon agenda. J’envoie un e-mail le 1er septembre. Pas de rĂ©ponse. J’envoie un deuxième e-mail une semaine plus tard. Tu n’étais peut-ĂŞtre pas rentrĂ©e de vacances, on va te laisser le bĂ©nĂ©fice du doute. Ah, un signe de vie, je commençais Ă  m’inquiĂ©ter, Josiane. Le dossier ne sera dĂ©sarchivĂ© que la semaine suivante (on arrive doucement Ă  la mi-septembre). « Mais de toutes façons nous n’envoyons pas de document par la poste. » T’abuses, Josiane, on est en 2020, c’est si dur que ça de scanner des documents ? MĂŞme la MAI m’a permis d’accĂ©der Ă  mon dossier archivĂ© par voie Ă©lectronique. Il a fallu insister un peu, mais au regard de la situation sanitaire, c’est passĂ©.

 Revenons Ă  ton dernier message. Tu demandes Ă  parler au tĂ©lĂ©phone. Tu m’envoies, dans la foulĂ©e, un e-mail avec pour sujet : « Madame,par ailleurs voici le lien que l’association [d’adoptĂ©s de Roumanie] a donnĂ© pour les personnes originaires de Roumanie,en espĂ©rant que cela vous aidera peut ĂŞtre ? » Bon, alors, dĂ©jĂ , Josiane, on met pas tout ça comme objet d’un e-mail. Ensuite, pas besoin de crĂ©er un document Word pour une pauvre adresse de site (le site de l’association, pas des autoritĂ©s roumaines : il aurait fallu faire un clic supplĂ©mentaire, c’est apparemment trop demander). Enfin, pendant les presque trois mois d’attente pour que tu puisses te dĂ©placer aux archives, Josiane, j’ai un peu bossĂ© de mon cĂ´tĂ©, alors, oui, les dĂ©marches auprès des autoritĂ©s roumaines sont entamĂ©es depuis longtemps. Et je n’ai pas eu besoin de toi pour trouver comment procĂ©der. Mais je vois bien que tu as fait un gros effort sur les recherches, alors je vais quand mĂŞme te fĂ©liciter pour ça.

  Arrive le jour du rendez-vous. Tu te souviens ce que j’ai dit sur l’infantilisation et la culpabilisation plus haut ? Tu m’en as fait une belle démonstration. Je découvre une voix de madame un peu pincée qui correspond assez bien à l’image que je m’étais faite de toi, Josiane. Après tout, je ne t’ai jamais vue, et jusqu’ici, nous n’avons communiqué que par e-mail. Tu me demandes d’une voix d’institutrice qui répond à la question un peu bête d’un élève distrait qui n’a pas écouté, si j’ai bien vu ton second message, celui avec le sujet à rallonge. Je te dis oui. Tu enchaînes : « Oui, mais vous avez cliqué sur le lien ? ». Oui, Josiane, j’ai cliqué sur ton p****n de lien.

  Quand je te demande si tu trouves ça normal que mon dossier contienne aussi peu d’informations sur la partie roumaine du processus, tu m’arroses d’arguments tous plus puants les uns que les autres. « Vous savez, on ne sait pas dans quelles conditions les dossiers étaient créés dans les pays d’origine », « les pays d’origine ne demandaient peut-être rien aux parents », « peut-être que personne ne demandait rien quand l’enfant était déposé à l’orphelinat, « peut-être que les pratiques n’étaient pas aussi rigoureuses ». On retrouve votre devise : « c’est pas nous, on sait rien ». Avec une petite variante : maintenant, j’ai droit à « c’est la faute au pays d’origine ».

  Mais si ce n’était pas rigoureux et que ne saviez pas trop, pourquoi faire des adoptions depuis la Roumanie ? Tu vas me faire croire, Josiane, que l’UE a demandé à la Roumanie de cesser les adoptions à cause des dérives passées le temps de mettre en place un vrai système de protection de l’enfance… parce que tous les dossiers d’adoption étaient clean et carrés ? Tu penses, Josiane, qu’on a fait référence à la Roumanie du début des années 1990 sous le terme de « baby bazaar »[4] par hasard ? L’adoption a répondu à une logique de marché dans ce pays, comme dans tant d’autres, sous la pression des adoptants[5]. Et ta belle organisation a gentiment fait ses emplettes pendant plus de dix ans.

  Revenons à la conversation téléphonique. Je demande comment ça se fait que ton organisation ne sache rien sur les adoptions dans ce pays de manière générale. Et là, Josiane, ça me fait rire -jaune- quand j’y repense, là, tu m’as exhortée à comprendre ton désarroi. « Le correspondant ne répond pas. » S’il n’y a que lui qui savait ce qui se passait sur place, il y a comme un problème, non ? « Les personnes de l’époque sont mortes, ou ce sont de vieilles dames. » C’est une petite variante sympa du « c’est pas nous, on sait rien » : maintenant, c’est « c’était nous, mais on sait quand même rien ». Et, cerise sur le gâteau, « si j’en savais plus, je vous le dirais, mais je ne peux pas, essayez un peu de comprendre mon désarroi. » De comprendre ton désarroi. Toi, qui n’as pas été transportée d’un pays vers un autre, toi, à qui on n’a pas dit « maintenant, ces gens, c’est ton père et ta mère », toi, qui n’es pas obligée de réapprendre une langue que tu as parlée pendant les premières années de ta vie pour essayer de comprendre ce que disent des documents illisibles et non traduits, toi, qui ne dois pas éplucher les textes de lois relatifs à la famille, à la filiation et à l’abandon dans ton pays de naissance pour essayer de comprendre ce qui s’est passé, toi, donc, Josiane, depuis ton petit siège confortable de « psychologue qui accompagne à la recherche des origines », tu éprouves du désarroi. Je ne voudrais pas t’apprendre ton métier, mais tu inverses un peu les rôles, non ?

Pendant cette savoureuse conversation, tu m’as aussi demandĂ© d’un air agacĂ© ce qui m’intĂ©ressait exactement – choisissez, on va quand mĂŞme pas parler de tout votre dossier-, « l’abandon » ? Alors, on va passer sur ton mĂ©prisant par lequel tu as tentĂ© de faire basculer le rapport de forces puisque tu n’as pas trouvĂ© la compassion que tu recherchais, et on va revenir sur cette notion d’abandon, Josiane. Toi, et tous les gens qui travaillent ou militent dans le milieu de l’adoption, vous partez du principe que les enfants que vous importez en France, ont tous Ă©tĂ© abandonnĂ©s. D’ailleurs, tu en parles lors de tes diverses interventions dans le milieu. Le fameux abandon. « L’enfant restĂ© sur le bord du chemin ». Des adoptants français furieux d’avoir Ă©tĂ© dĂ©boutĂ©s par le moratoire de 2001 ne demandaient pourtant que ça, de sauver de pauvres orphelins abandonnĂ©s. L’un d’eux prĂ©cise d’ailleurs que son chien aussi, n’attendait que ça, mĂŞme si en rĂ©alitĂ©, ce serait plutĂ´t pour obtenir des papouilles[6]. Belle dĂ©monstration de gĂ©nĂ©rositĂ© canine, quoiqu’un peu intĂ©ressĂ©e.

  En réalité, les enfants abandonnés, il y en a peu. Les abandons, si abandon il y a, sont souvent le fruit de manipulations, de mensonges, de tractations plutôt moches pour obtenir le bien convoité : un enfant le plus jeune possible. Je t’ai déjà expliqué tout ça. Les agences d’adoption qui avaient des bureaux directement dans les maternités[7], les infirmières qui refusaient de laisser la jeune mère repartir avec son enfant ou de le lui rendre, les enfants qu’on déclarait morts à la naissance pour les faire adopter ensuite[8], les directeurs d’orphelinats- enfin, de maisons d’enfants- qui refusaient de laisser les familles voir leurs enfants (parce que qui dit placement, ne dit pas forcément abandon et révocation des droits parentaux)[9], les services sociaux qui déplaçaient les enfants pour empêcher les familles de les voir, et les pouvoirs publics qui maintenaient les orphelinats ouverts et remplis d’enfants pour l’adoption internationale[10], ce sont des réalités, Josiane.

  Et tout ça, sous la pression exercée par les pays « importateurs ». La reprise des adoptions suite au moratoire de 2001 a bien failli être un prérequis pour l’entrée de la Roumanie dans l’OTAN[11], et la fameuse loi des six mois de 1993, a été une condition pour obtenir la ratification d’un accord commercial avec les États-Unis au début des années 1990. Où est le rapport entre l’OTAN, des traités commerciaux et la protection de l’enfance, je te le demande.

  En poursuivant mes lectures, je découvre que pour réglementer le fameux « baby bazaar » qu’était devenue la Roumanie en 1990, après la chute du régime communiste, une loi contraint les adoptants à passer par un Organisme agréé en France et en Roumanie[12] . Zut, on ne peut plus se fournir directement à la source. On était à une époque où les directeurs d’orphelinat avaient un peu de conscience, ils refusaient de laisser partir des enfants dont la famille était connue et qui venait les voir. Grosse chute des adoptions en 1992. Et là, sous prétexte d’amélioration des conditions de vie des enfants, le congrès américain réussit à obtenir la fameuse loi des six mois (47/1993) selon laquelle tout enfant n’ayant pas obtenu la visite de ses parents depuis au moins six mois est déclaré adoptable. Je le rappelle, dans le cadre d’un accord commercial[13].

  Je sais que tu es très attachée à la notion d’abandon, parce qu’elle donne une base juridique et une justification morale au déplacement d’enfants dans un autre pays que le leur, et à la rupture irrévocable de la filiation avec leur famille d’origine. Après tout, c’est ton fonds de commerce. Le choix même du mot « abandon » permet de faire porter la responsabilité aux seules mères biologiques qui ne sont pas là pour se défendre. Comme si elles avaient eu le choix. Et de faire en sorte que leurs enfants ne les cherchent pas, puisqu’ils pensent qu’ils ont été « abandonnés » par une mère qui ne les aimait pas et ne voulait pas d’eux. Mais ça, en fin de compte, on n’en sait rien. C’est juste bien pratique pour justifier l’adoption. Si on était un peu honnête, on parlerait plutôt de « séparation ». Parce qu’il y a effectivement eu une ou plusieurs séparation(s), volontaire(s) ou non.

Mais je trouve ça indécent, Josiane, que tu partes du principe que mon histoire, que l’histoire de toutes les personnes adoptées, comporte un réel abandon. Indécente, ta façon de me demander si c’est précisément ça qui m’intéresse. Je ne suis pas en contact avec toi par plaisir ou parce que je recherche un soutien « psychologique » (que tu es humainement incapable d’apporter). Je suis en contact avec toi parce que ta belle organisation ne me donne accès à aucun autre interlocuteur. Même si vous écrivez ceci sur votre site : « De plus en plus fréquemment, des adolescents ou des adultes adoptés nous sollicitent à propos de leurs origines et des conditions de leur adoption. Dans tous les cas, une psychologue et un responsable du pays concerné les reçoivent et les accompagnent dans leur questionnement. » Je ne veux pas de pitié, de compassion, de compréhension. Je veux que tu arrêtes de me renvoyer vers l’association d’adoptés de Roumanie que j’ai citée plus haut. Ce n’est pas à une association créée il y a 5 ans de répondre des agissements d’une organisation qui a réalisé des adoptions pendant plus de quarante ans et qui était sur le terrain pour chacun des pays d’origine. Je veux que toi et ta belle organisation, vous preniez vos responsabilités.

Je veux des faits. Je veux des réponses argumentées et raisonnées. Je veux savoir comment vous avez recruté votre correspondant, qui n’était qu’étudiant à l’époque (je me souviens bien qu’il parlait d’études de design). Je veux savoir comment il était rémunéré. Je veux savoir combien d’enfants il a trouvé pour vous. Je veux savoir s’il travaillait pour d’autres OAA, et lesquels. Je veux savoir à combien de familles françaises il a rendu visite ensuite et pour combien de temps. Quels autres avantages ou « petits cadeaux » il a reçus, et de la part de qui. Je veux savoir comment il trouvait des enfants à faire adopter dans tout le pays alors qu’il vivait probablement dans la capitale. Je veux savoir pourquoi vous avez redirigé mes parents précisément vers la Roumanie -même si j’ai ma petite idée. Quand on m’a proposée à mes parents, ils avaient 24 heures pour se décider et ils ont dit « oui » sans avoir d’autre information sur moi que ma date de naissance. Les photos, elles arriveront quelques jours plus tard. Je veux savoir comment on faisait pour compter les fameux six mois sans visite. Qui comptait les jours ? Il y avait un registre ? Est-ce qu’on gardait une trace écrite des visites effectives de l’enfant dans sa famille, et de la visite de la famille dans l’institution ? Contrôlait-on l’identité des visiteurs ? Où sont ces registres ? Je veux les voir, Josiane. Je veux des explications claires sur ce fameux abandon juridique. La théorie de l’abandon est trop facile, trop pratique, et trop systématique pour des gens qui bénéficient directement de ces soi-disant abandons en faisant adopter des enfants. Alors tu vois, Josiane, je me contrefiche de ton désarroi, Je suis sûre que tu t’en remettras.

La semaine suivante, tu m’envoies un e-mail lapidaire pour me demander de te rappeler. Mon travail m’a retenu une bonne partie de la journée, et quand je téléphone, tu es déjà partie. « Elle sera là jeudi prochain », me dit-on. Tu t’es bien gardé de me dire que tu n’étais là que le jeudi, Josiane. On parle donc encore une semaine après. J’appelle 3 fois, sans réponse. C’est toi qui me rappelles. Tu as mon dossier, et tu acceptes gracieusement de revoir les documents avec moi. Je vois que tu le découvres en le lisant et que tu n’as pas idée de ce qu’il contient. Tu lis les documents en diagonale, je t’entends marmonner « machin machin » tous les quelques mots. Et là, tu commences à me lister les documents du dossier de mes parents. Des documents que je n’ai pas vus l’an dernier. Caroline a été plus finaude que toi, pour le coup. Il y a un courrier de ton organisation au président du Conseil Général de mon nouveau département de résidence, la lettre d’une responsable de l’organisation qui accompagnait les photos, un document qui présente les frais à verser, l’enquête sociale, la lettre de ma mère adoptive à ton organisation présentant sa candidature pour une adoption. Et tous ces documents, Josiane, ils ont leur importance, parce qu’ils retracent la genèse de mon adoption. Votre « tambouille interne », en quelque sorte. Tous les échanges entre vous et mes parents adoptifs. L’enquête sociale et psychologique réalisée par ton organisation, elle explique tellement de choses sur la construction de mes parents en tant que personnes, en tant que couple, et donc, sur la façon dont ils ont construit leur famille. Tout est lié, Josiane.

Quand j’essaie de te faire comprendre que je veux ces documents, tu te réfugies derrière la procédure, et derrière l’intimité de mes parents. Ils ne m’ont probablement pas montré tout ça par pudeur, dis-tu, ça concerne leur vie privée, ça te gêne de me laisser voir tout ça. Et s’ils ne m’ont pas montré ces documents, c’est qu’ils avaient leurs raisons. Cautionnerais-tu la rétention d’informations par les familles adoptives ? La vie privée des adoptants est plus précieuse que la vie, tout court, des adoptés ? Moi, je crois que ça te gêne de me fournir des documents datés qui me permettraient d’établir une chronologie des évènements.

Et puis, tu pars du principe que tous les adoptants sont des gens bien. Or, les cas de prise en charge par l’ASE d’enfants adoptés, les maltraitances physiques et psychiques, le racisme subi par les adoptés, même après 25 ans passés dans une famille qui est devenue la leur, ils existent, Josiane. Si tu prenais la peine d’écouter les adoptés sans condescendance, tu t’en rendrais peut-être compte. Tu m’as demandé comment étaient mes relations avec mes parents. Tu as essayé de tâter le terrain, de revenir sur l’émotionnel alors que je veux du rationnel. Mes relations avec mes parents ne te regardent pas, Josiane, et qu’elles soient bonnes ou non, je n’en ai pas moins le droit d’avoir des réponses claires, justifiées, détaillées.

Quand je te dis que je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas accès à ces documents sur mes parents, tu me sors une analogie avec les « parents qui ont eu la chance immense d’avoir un enfant biologique ». « Les enfants ne savent pas tout de leur vie avant leur naissance, n’est-ce pas » ? Où est le rapport, Josiane ? Tu compares des enfants qui ont grandi dans la famille qui les a mis au monde, qui n’ont jamais eu à apprendre, désapprendre, réapprendre leur langue maternelle, qui n’ont pas été obligés de s’adapter à la vitesse grand V pour être sûrs de rester dans leur nouvelle famille, qui n’ont pas eu à changer d’identité, l’essentiel des enfants, donc, et des enfants adoptés ? Tu te fiches de qui, Josiane ? Les enfants qui n’ont pas été adoptés n’ont jamais été obligés de se poser toutes ces questions, puisqu’ils n’ont justement pas été acculturés, déplacés dans un autre pays, dans une autre famille sous le prétexte de leur offrir une vie meilleure. Tout leur passé n’a pas été effacé. Leur acte de naissance n’a pas été modifié. Toi, Josiane, tu ne te demandes pas si les informations dont tu disposes sur toi, qui fondent ton identité, sont véridiques. Tu ne remets pas en cause ta date de naissance, ton lieu de naissance, le temps que tu as passé dans un orphelinat, ton nom d’avant, puisqu’il n’y a jamais eu de doutes, de secrets, de non-dits, qui t’ont empêché d’accéder à toutes ces informations ou de les confirmer. Et puis, venant d’une psychologue, je t’avoue qu’une déclaration aussi assommante de bêtise m’a un peu sciée. Je passe rapidement sur le fait que non, je ne peux pas venir à Paris en pleine pandémie pour récupérer quelques papiers. Et puis, il me semble que ta belle organisation ne prend pas en charge les frais de déplacement, si ?

  Ensuite, tu es partie sur un monologue sur les masques, que tu portes héroïquement pour les rendez-vous « alors que c’est désagréable », sur les adoptés, pour lesquels tu te déplaces s’il y a une demande (un jour par semaine, c’est effectivement un effort surhumain), « et on va quand même pas arrêter de tout faire, hein ? » Mais peu importe, je te demande une explication écrite de cette fameuse procédure. Tu comprendras que je préfère avoir une trace écrite de nos échanges, et vu le contenu de nos conversations téléphoniques, je préfère le format court et concis d’un e-mail. Et là, j’insiste encore un peu, parce que finalement, le plus important, ce sont les documents qui me concernent directement dont je n’ai pas la photocopie, et tu acceptes de me les envoyer par courrier (par courrier, Josiane, on est en 2020, et on a vu plus tôt que tu savais inclure une pièce-jointe à un e-mail). Je dois attendre encore une semaine que tu retournes au bureau, et on va espérer que tu fasses ton boulot et que la poste fonctionne à peu près dans les conditions actuelles. Ce serait dommage que ton envoi se perde. Une semaine plus tard, tu m’envoies par e-mail -ouf !-, ces fameux documents scannés. Je repère quelques incohérences et tu m’offres des hypothèses, des esquisses de réponses, bien protégée derrière le paravent du peut-être. Ça fait longtemps, les responsables ne sont plus là, etc. Je connais la chanson. Entretemps, à force d’essayer de déchiffrer les documents illisibles et non traduits dont je te parlais plus haut, qui viennent du dossier de la MAI, je me rends compte que ce sont des jugements d’abandon. Je réussis à lire l’adresse de mes parents biologiques. Il y a un début de chronologie, et même une date de prise en charge par la casa de copii. Alors, peut-être que ces informations sont fausses. Peut-être que je les interprète mal. Mais il y a une date et une adresse, elles sont juste là. Dans un document illisible que personne n’a jamais pris la peine de déchiffrer et de faire traduire. Parce qu’au fond, ta belle organisation, comme mes parents, vous vous en fichez éperdument. Parce que ce qui comptait, pour vous, c’était d’obtenir un enfant à faire adopter. Obtenir l’enfant, enterrer son passé et tout est bien qui finit bien, on a sauvé un pauvre orphelin.

  Tu vois, Josiane, ce qu’il faut faire, les humiliations, le mépris et l’infantilisation qu’il faut se prendre en pleine face pour obtenir les informations les plus élémentaires sur l’enchaînement d’évènements qui m’a valu de grandir ici ? Le temps, les e-mails, les conversations téléphoniques stériles ? Trois mois, peut-être plus, pour quelques documents ? Tu crois que tout le monde a le temps, la force, l’énergie, le soutien (d’amis, d’un-e conjoint-e, de sa famille, d’associations), d’entreprendre tout ça, pour finalement pas grand-chose ? Non, et au fond, ça t’arrange bien. On ne m’avait pas dit que ces échanges avec toi seraient la partie la plus éprouvante de tout le processus. Et moi, je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est un peu fait exprès, parce que si c’était plus facile, peut-être que plus de monde commencerait à poser des questions.

  Dans le magazine de ta belle organisation, j’ai lu ceci hier : « S’élabore une demande d’accompagnement vers une mise en récit des origines de l’adopté, dans laquelle [ta belle organisation] tient une place symboliquement importante comme intermédiaire entre famille d’origine et famille adoptive, et également comme dépositaire de l’histoire pré adoptive et adoptive. » C’est un parfait résumé de tous les mensonges que vous véhiculez sur votre participation à la recherche des origines. Vous êtes l’intermédiaire, oui. Mais la famille d’origine, elle n’est même pas nommée. Effacée, invisibilisée, elle n’existe pas. Vous prétendez ne rien savoir, ce qui est soit une preuve d’incompétence manifeste, soit une preuve que vous fermiez les yeux, soit une preuve que vous n’avez pas pris la peine de vous poser de questions, et dans tous les cas, c’est gravissime. Une personne adoptée n’a pas besoin de « mise en récit » de ses origines. Elle a besoin de la vérité. Surtout pas d’un « récit », surtout pas d’une fiction. Et l’histoire pré-adoptive, vous n’enquêtez pas dessus au moment de l’adoption, et certainement pas après, une fois l’adopté devenu adulte. Vous légitimez votre action en faisant des promesses que vous ne pouvez pas tenir, que vous ne voulez pas tenir, pour entretenir votre vitrine de belle organisation respectueuse des lois, et des personnes. Or, de toute évidence, vous respectez tout le monde, sauf ceux que vous prétendez sauver.

Clara.

 

[1] http://orphelinsderoumanie.org/ladoption-en-roumanie-dans-le-contexte-international-des-annees-1980-1990/

[2] Roelie Post, Romania For Export Only: the untold story of the Romanian “orphans”,  p. 200 : « Holt had been contracted by Unicef Romania to work on preventing abandonment. […] “We discuss with the mother the possibility to consent to adoption right after birth. We wait for the obligatory 45 days to pass and then she signs. We wait another 30 days, during which she may change her mind, and then, the adoption file goes to the DCP [Department of Child Protection]”.

[3] « Les Lignes directrices relatives à la protection de remplacement pour les enfants, approuvées par les Nations Unies en 2009, interdisent de prendre en charge un enfant sur la seule base de la pauvreté des parents, y préférant un soutien familial approprié. » Intervention de Nigel Cantwell, lors du colloque MAI du 16 octobre 2018

[4] Article du 24 mai 1991 publié dans le New York Times, de Kathleen Hunt : https://www.nytimes.com/1991/03/24/magazine/the-romanian-baby-bazaar.html

[5] « La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) adoptée par l’ONU le 20 novembre 1989 (voir ci-après) affirme le caractère subsidiaire de l’adoption internationale. Mais dès 1990, le cas roumain montre la difficile application de ces grands principes. Au lendemain de la révolution de décembre 1989, les frontières du pays s’ouvrent largement. Entre janvier 1990 et juillet 1991, on estime à 7000 le nombre d’enfants roumains partis pour l’étranger. La France accueille un millier d’entre eux ; la Roumanie fournit alors le plus gros contingent d’enfants étrangers, comme dans beaucoup d’autres pays européens. Les orphelinats sont pris d’assaut, mais le nombre d’enfants adoptables se révèle insuffisant face à la demande des pays riches. Les règles d’un marché s’instaurent alors : tout était à vendre et tout pouvait s’acheter. » Yves Denéchère. Les différents temps de l’adoption internationale en France. Marie-Odile Pérouse de Montclos, Marie-Paule Poggionovo. Adoption internationale. De la rencontre à la filiation, Lavoisier Médecine, pp.3-20, 2016, Les précis. Cahiers de Sainte-Anne, 978-2-257-20664-0. hal-01263534

[6] « Nous n’avons pas de petit garçon […], mais un petit chien trĂ©s calin qui s’appelle Balou, et lui aussi attend avec impatience son ou ses futurs petits maĂ®tres pour avoir encore plus de calins. » http://www.afaener.org/main3.html

[7] Roelie Post, Romania For Export Only: the untold story of the Romanian “orphans”, p. 200 « After the maternity tour, Unicef Romania guided Mariela to Holt, one of the biggest US adoption agencies, which held office in the maternity clinic”.

[8] « En un an à l’hôpital de Ploiesti, infirmières et médecins avaient prétendus à 23 mères que leurs bébés prématurés étaient morts, alors qu’ils étaient mis en couveuse, bien nourris et exportés 6 mois plus tard. » Emma Nicholson, parlementaire et rapporteur spécial pour le Parlement Européen (1999-2004) http://orphelinsderoumanie.org/ladoption-en-roumanie-dans-le-contexte-international-des-annees-1980-1990/

[9] Roelie Post, Romania For Export Only: the untold story of the Romanian “orphans”, p. 130.

[10] “Today, Serban Mihailescu, the Romanian minister for children, says the effect of foreign adoptions was « extremely negative » and encouraged officials to keep the institutions full of children. « The number of children in institutions increased because more and more foreigners wanted to adopt Romanian children and more and more of the personnel in the institutions worked as dealers and they pushed the children for the inter-country adoption. It’s like a business, a $100 million business, » he says.” Cashing in on the “baby rescue », article paru dans l’Irish Times le 24 mai 2002

https://www.irishtimes.com/culture/cashing-in-on-the-baby-rescue-1.1058341

[11] Article de l’Irish Times citĂ© prĂ©cĂ©demment :  “According to an Irish diplomatic source, about 1,500 Romanian children have been adopted to Ireland since 1990. Tens of thousands were taken to other Western countries, particularly the US, Israel, Spain, France and Italy. There are now well-funded campaigns in these countries seeking an end to Romania’s ban on foreign adoptions. US officials have warned the Romanian government that a continuing ban could jeopardise acceptance of Romania for NATO membership.”

[12] Document explicatif remis aux candidats à l’adoption en Roumanie dans les années 1990 : « Loi sur l’adoption 11/1990 modifiée le 8 juillet 1991. « Toute demande d’adoption d’enfant roumain par un couple étranger doit obligatoirement être présentée par l’intermédiaire d’une œuvre d’adoption agréée en France et en Roumanie ».

[13] Roelie Post, Romania For Export Only: the untold story of the Romanian “orphans”, p. 66 : “The US had made improvement of the situation of the Romanian children a condition for this trade agreement, and it was in that context that Romania adopted the so-called “abandonment law”. […] In 1991, an incredible number of intercountry adoptions took place, estimates were more than 10,000. Many children were not adopted from orphanages, but directly bought from poor families. In 1991, a new law was adopted limiting intercountry adoptions to children in children’s homes and orphanages. But the children’s homes’ directors would not give those children, because they were not legally adoptable, more often, the children’s parents would be known and visit their children. As a result of this limitation adoptions dropped enormously in 1992. And thus, under the disguise of wanting to improve the living condition of institutionalized and disabled children, the US congress pushed for an abandonment law, a law that rendered children adoptable.”

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